Karine Parisé propose une gestuelle imprégnée de contrastes où les postures gracieuses se transforment en gestes brusques et où les mouvements fluides sont ponctués d’accents rythmiques en écho aux talons qui martèlent le sol. Elle partage la scène avec quatre musiciens au cœur d’une fresque flamenca qui se déroule en deux tableaux de 37 minutes avec entracte. Les artistes Alexandra Templier (chant), Stéphanie Gagnon (guitare), Manon Hamel (accordéon) et Charles-Alexis Côté (percussions) accompagnent la danseuse pour offrir un spectacle où la synergie de la danse, de la musique et du chant se manifeste avec fougue et spontanéité.
En première partie, le décor rappelle un grenier où des diapositives de bords de mer et de souvenirs d’enfances sont projetées sur un simple drap. Au son d’une berceuse, la danse dévoile une féminité délibérément assumée. L’atmosphère musicale parfois minimaliste, parfois tourmentée, est ponctuée de la narration de poèmes de Federico García Lorca. Les pièces s’enchaînent pour culminer avec des airs flamencos traditionnels qui inspirent les départs et les retours au port.
La deuxième partie débute avec une scène recouverte d’un immense filet sous lequel rampe la danseuse qui tente de se défaire des mailles et risque les entrelacements. La voix d’Alexandra nous saisit alors avec un chant flamenco qui exprime la solitude. Le rythme des pieds accélère, soutenu par les percussions tandis que l’accordéon évoque une bouée dans une mer déchainée. Vêtue d’une longue traîne rappelant un tapis d’algues, Karine couvre l’espace d’une valse enivrante et vaporeuse sur une pièce inspirée de la musique cubaine et du fado portugais. Dans une ambiance de fiesta, la finale crée une proximité avec le public, témoin de la complicité tangible des artistes sur scène.